Le marteau du père Beaulant
Complètement marteau
Pour clouer, il lui fallait un marteau au père Beaulant.
Mais quel marteau à clouer ! Marteau à deux têtes ou marteau de cloueur, tel est son nom : il ne sert qu’à clouer des pointes pour l’assemblage.
– Le marteau de cloueur est utilisé avec la lime à chaussures qui, par ses courbures, permet de réduire toute tête de pointe saillante. Le marteau à clouer sert principalement à enfoncer les chevilles de bois et les pointes en fer, en acier ou en cuivre.
Le marteau de cloueur cloue des pointes pour l’assemblage.
– Sa tête comporte deux tables de taille égale à chaque extrémité du corps de la tête. En fonction de la fabrication, les deux tables peuvent varier. Elles seront quadrillées toutes les deux, ou seulement une, l’autre restant lisse et polie, ou bien les deux sont polies. Selon l’usage donc, cela oblige à posséder un autre marteau à clouer.
– Certains fabricants proposent des marteaux cloueurs, à une seule tête circulaire, unie ou quadrillée, avec en opposition une panne. La panne est effilée, parfois droite et sans aucune courbure, et d’autres fois cintrée.
L’usage premier de ce marteau est le clouage. Le cordonnier s’en sert également pour frapper le cuir, mais à petits coups, avec la table quadrillée. Il frappe sur des endroits qui ne seront pas visibles.
Les manches de marteau de cordonnier sont généralement ronds, courts et emmanché à clavettes [1]. Mais ils ne sont pas tous emmanchés à clavettes. L’emmanchement est souvent traditionnel, c’est-à-dire que le manche est maintenu dans l’œil avec un coin à ergot en métal. Ce petit coin de métal, appelé angrois (ou engrois), présente des petites griffes sur les arêtes verticales. Les griffes sont relevées au burin en sens opposé à l’enfoncement du manche, afin de renforcer la fixation.
Pourquoi le manche des marteaux de cordonnier est-il rond ?
Comme pour les ferblantiers, il n’y a pas de hasard. Eh oui, vous avez trouvé : le manche rond permet de changer de table de frappe sans lâcher le manche. Il suffit de donner une impulsion, soit à droite soit à gauche, pour tourner à 180 degrés.
Pascal MARCILLY, animateur de l’atelier chaudronnerie.